Collecte des données : un prérequis indispensable
La collecte et l’analyse de données permettent de cibler les actions de prévention et d’accompagnement
Observatoire de la sécurité des médecins
Créé en 2002 par le Conseil national de l’Ordre des médecins, l’observatoire de la sécurité des médecins est l’interlocuteur des pouvoirs publics dans la lutte contre les actes de violence commis contre les médecins. C’est un recueil spécifique à la médecine libérale, sur la base du volontariat.
En partenariat avec l’IPSOS, l’observatoire publie annuellement un recensement national des incidents.
Liens utiles :
Observatoire National des Violences en milieu de Santé (ONVS)
L’ONVS recueille depuis 2005, sur la base du volontariat, les signalements de faits de violence (atteintes aux personnes – dont les incivilités, et aux biens) commis dans les établissements, dont l’hospitalisation et soins à domicile et sur la voie publique, et depuis fin 2020, dans le cadre de l’exercice libéral.
Ainsi, l’ONVS peut avoir désormais une vue nationale sur les violences en santé quel que soit le mode d’exercice, même si à ce jour, il n’existe pas encore de données publiées concernant la médecine de ville compte tenu de son intégration récente sur la plateforme de signalement, mais il y a une volonté d’homogénéiser l’ensemble des signalements sur cette plateforme.
Liens utiles :
D’après l’enquête sur les violences envers les médecins, seulement 2,7% des répondants utilisent cet outil.
La difficile collecte de données sur les violences
Afin de collecter des données sur les violences, qu’elles soient directes ou des petites violences du quotidien, il est indispensable de définir strictement le périmètre de ces deux formes de violences afin d’assurer un recueil clair facilitant l’analyse des données.
Données sur la violence directe
- Observatoire de la Sécurité des Médecins : le recueil s’effectue sur les violences directes : une atteinte aux biens (vol, vol avec effraction, acte de vandalisme. L’option « autre » est prévue) et une atteinte aux personnes (injures, harcèlement, menaces, intrusion dans le cabinet, coups et blessures volontaires. L’option « autre » est prévue)
- Observatoire National des Violences en milieu de Santé : le recueil des données dissocie les atteintes aux biens et les atteintes aux personnes. Les faits de violences directes sont intégrés au signalement mais à ce jour, aucune donnée concernant la médecine de ville n’a été publiée.
Données sur les petites violences quotidiennes
L’Observatoire Nationale des Violences en milieu de Santé ne recueille pas seulement les actes de violence directe.
Cependant, le périmètre des différentes formes de violences n’est pas défini : certains actes restent assimilés à des atteintes aux biens et aux personnes alors qu’ils ne constituent pas ces infractions envers le médecin. Par exemple, le fait pour un médecin de constater une automutilation ou un suicide est recueilli comme étant une violence psychologique pour ce dernier et donc une atteinte à sa personne !
Le rapport 2022 de l’ONVS reconnait que l’institution hospitalière peut générer de la violence. Ces causes de violences dues à l’institution sont à rechercher dans les facteurs humains, les facteurs institutionnels, organisationnels ainsi que les facteurs architecturaux.
Reconnaissance de « petites violences de la vie quotidienne » à l’échelle de la structure hospitalière
Enjeux de la collecte des données
Définition d’un périmètre sur les violences envers les médecins qui fasse consensus : un flou persiste concernant les « petites violences de la vie quotidienne ».
- Centralisation des données sur une plateforme unique : le rapport national sur les violences à l’encontre des professionnels de santé propose une centralisation au niveau de l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé.
- Les données restent déclaratives : la violence n’est-elle pas sous-évaluée ?
Des violences encore largement sous-évaluées !
De nombreux médecins évoquent une situation bien plus préoccupante que les données déclaratives communiquées, et semblent craindre directement pour leur sécurité dans l’exercice de leur activité.
Nous avons donné la parole à 441 médecins libéraux d’Occitanie afin d’objectiver la situation et d’évaluer l’impact sur leurs pratiques. Voir l’enquête
Quelques chiffres:
- 75,9% des médecins ont été victimes de violence sur ces 3 dernières années, dont 30 % plusieurs fois par an – les . sont des atteintes à la personne
- 44% des répondants estiment que les dispositifs ou organisations mis à disposition pour assurer leur sécurité sont insatisfaisants
- 37% des médecins gèrent des situations de violence régulièrement (a minima plusieurs fois par mois) mais moins de 10% sont formés – les secrétariats médicaux sont alors en première ligne
- 26 % des médecins se sentent en insécurité régulièrement
- 18% des médecins victimes d’acte de violence sur ces 3 dernières années ont déposé une plainte.
- les femmes sont davantage victimes (+15%) d’actes de violence mais portent moins plainte (-13%)
- une violence plus marquée pour les cabinets de groupe (+14%), et sur les territoires ruraux (+5%).
Alors oui, les violences sont largement sous-évaluées et elles ont un impact direct sur la population : face à l’insécurité 12,6% des médecins déclarent réduire ou arrêter les gardes et 10,3% n’assurent plus de consultations à domicile.